Page:Ott - Hegel et la Philosophie allemande, 1844.djvu/22

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la métaphysique qui ne trouve en elle sa solution[1].

D’ailleurs le sujet qui doit nous occuper est plus que tout autre de son domaine. La doctrine de Hegel est une systématisation du panthéisme. C’est encore, sous une forme nouvelle, cette ancienne doctrine de l’unité de substance, de l’identité de tous les êtres en Dieu, qui si souvent a envahi la philosophie. Or il est un fait qui doit frapper tout homme sérieux, c’est que cette doctrine, qui a été tant de fois reproduite, qui fut nettement formulée dès plus haute antiquité, qui dans les temps anciens et modernes s’est représentée cent fois sous des aspects divers, c’est que cette doctrine a constamment été repoussée par l’humanité, qu’elle a le plus souvent soulevé contre elle l’opinion publique, que toujours ses auteurs sont restés isolés au milieu d’un petit nombre d’adeptes. Les progrès accomplis pendant les siècles ont été accomplis hors d’elle et malgré elle. Vis-à-vis des doctrines fécondes et productives qui ont successivement dominé l’activité des peuples, elle a été le principe éternellement identique à lui-même de la négation et de l’immobilité. Dans l’Inde, le panthéisme a anéanti toutes les forces actives de la nationalité indoue, dont tant de monuments attestent la puissance

  1. Nous n’avons l’intention ici que de déclarer notre critérium et non de le démontrer. Cette démonstration a été donnée avec tous les développements nécessaires, par M.  Bûchez, Essai d’un traité de Philosophie, t. II.