Page:Ott - Hegel et la Philosophie allemande, 1844.djvu/33

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proposée à des êtres libres, on peut lui obéir ou lui désobéir, et la théorie fataliste n’a d’autre conséquence pratique que de faire croire à ceux qui l’admettent qu’ils ne sont obligés vis-à-vis de personne. La morale bien comprise pose donc l’objectivité en se posant elle-même ; elle suppose aussi l’objectivité du législateur, de Dieu ; elle pose aussi celle de l’homme et du monde, car elle détermine des actes relatifs à un milieu donné ; et si l’activité et le milieu n’existaient pas, ses préceptes seraient impossibles. Pour l’homme qui veut agir, la question de l’objectivité est donc parfaitement oiseuse. Aussi je ne sache pas qu’elle ait fortement préoccupé les esprits en France, quoiqu’on y soit familiarisé depuis assez longtemps avec la doctrine de Kant. En Allemagne, on s’y est jeté à corps perdu. Pendant près de cinquante ans on s’est épuisé en efforts contre ces barrières infranchissables ; tout le langage philosophique a été bouleversé dans cette stérile élaboration, et aujourd’hui encore, quoique les termes de la question aient tant soit peu changé, le problème posé est toujours le même au fond, on tourne toujours dans ce cercle sans issue.

La solution demandée poussait à s’enquérir de l’essence des choses. Le phénomène était donné, mais le substratum du phénomène était déplacé ; au lieu du monde, c’était le moi qui le supportait, une incertitude complète remplaçait toutes les notions reçues sur les fondements de l’être. Il