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Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/106

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lement par le vague frémissement des feuillages à l’approche de la tempête. Ces bruits sinistres, sous ce ciel noir et dans cet endroit, sont bien faits pour intimider. Je répétai ma question au guide.

— Ce n’est pas tant ça… ce n’est pas tant le vent… c’est que la saison n’est pas avancée, il y a encore de vieilles neiges là-haut ; il faut nous dépêcher.

Nous vîmes en face de nous se tordre les cimes des arbres. Un long sifflement courut au loin, tous les branchages autour de nous craquèrent, courbés comme des panaches, mon mulet dressa les oreilles, l’ouragan venait de s’abattre dans la vallée.

— Voilà, voilà, voilà ! dit le guide d’un ton chagrin.

— Est-ce qu’il n’y a point d’abri, de maison ici près ?

— Il faudrait donc que ça fût comme ça, bien près… Il y a bien l’ermitage, mais il faut quitter la route, et puis l’ermite est peut-être mort, il demeure là-haut, on ne le voit plus, il est si vieux.

— Où est cet ermitage ?

— Là où vous verrez un panier au bout d’une corde, le long du chemin. Il ne faut pas compter là-dessus, faut se dépêcher.

Une rafale lui coupa la parole ; il remit sa pipe dans sa poche. De grosses gouttes de pluie me frappaient au visage ; mon mulet, effarouché, s’arrêta tout net.

— Oh ! la maudite bête, s’écria le guide ; hardi, hardi ! c’est pas le moment de s’amuser.

Le mulet reprit le grand pas. Il faisait presque nuit ; nous avions toutes les peines du monde à retenir nos chapeaux et nos vêtements. J’étais déjà percé jusqu’aux