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Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/13

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vous, c’est prouvé, et vous, n’êtes qu’un misérable, je vous le répète !

Schérer s’arrêtait, levait et baissait sa canne, tout bouillant de colère et de honte. Cette scène se continua tout le long de l’avenue, jusqu’à ce que le bruit n’en vînt plus à mes oreilles.

Qu’était-il donc arrivé à Schérer ? Je ne me souviens pas d’avoir vu, en tête d’aucun récit, une exposition plus vive et plus attachante que ce peu de paroles d’un ami sévère, répétées avec tant d’acharnement.

Je ne m’appesantirai pas sur l’heureux hasard qui m’a fourni des éclaircissements, ni sur la rencontre que je fis, quelque temps après, dans une maison, d’un chef de bureau du ministère de la guerre, avec lequel j’entrai vite en intelligence sur le sujet de cette histoire.

Un jour donc, dans un des bureaux de ce ministère, dont je ne saurais indiquer ni le nom ni la division, à l’heure où l’employé épie la marche des aiguilles de son cartel, c’est-à-dire, entre trois et quatre, quelques moments avant la sortie, trois coups frappés à la porte du lieu annoncèrent une visite intempestive, quelque surcroît de besogne ou quelque solliciteur. Il y avait là trois messieurs qui, par avance, rangeaient leurs plumes ou brossaient leur chapeau.

— Répondez que les bureaux sont fermés, dit le premier. On ne fait plus de recherches à cette heure-ci.

On frappe de nouveau.

— Entrez, dit le troisième d’un ton d’humeur.

On vit paraître un invalide de belle taille, rasé de frais, ivre-mort sans qu’il y parût, et dont chaque pas était