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Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/164

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— Tu n’entends donc rien à ce qui se passe ? Ils sont en fuite, mon pauvre ami ; tu me fais rire avec tes ministres.

— Qu’importe ! j’écrirai, je parlerai, j’irai jusqu’au roi s’il le faut.

Mon père redoubla ses éclats, et j’avoue qu’il me fut difficile de tenir mon sérieux.

— Il n’y a plus de roi, mon ami.

— Il est mort ? dit Thibault avec effroi.

— On l’a chassé comme ses ministres.

— Chassé ! le roi ! chassé !…

— Je m’en étonne aussi bien que toi.

— Mais enfin, reprit Thibault revenu du coup, il y a quelqu’un au timon de l’État, un gouvernement, des autorités…

— Ma foi, tu me ferais plaisir de me les faire connaître. Apprends donc ce qui se passe. On a livré bataille au gouvernement, on a été le plus fort, la révolution est opérée ; le gouvernement est détruit, et jusqu’alors on ne sait pas comment il sera remplacé ; par conséquent, point de gouvernement.

— Comment ! s’écriait Thibault, rêvant tout haut dans son abattement, je fais un voyage de deux cents lieues pour parler aux ministres… et l’on chasse les ministres… Plus de roi, plus de gouvernement… il semble qu’on ait préféré… cela n’est pas ordinaire…

Le malheureux homme laissa voir un désordre d’idées inexprimable où dominait toutefois l’étonnement.

Mon père connaissait sans doute quelques-uns de ses secrets, et notamment les méthodes curatives qu’il avait