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Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/208

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fait. Vous êtes à ravir : louche, pustuleux, mal bâti. On mourra de rire. Vous aviez l’air d’un dameret. Seulement vous n’êtes pas assez cagneux et tortu. Je gage que vous n’avez rien mis dans vos bas ! »

Collinet, haletant et exaspéré, détacha un grand coup de pied au régisseur en feignant de se débattre : celui-ci ne lâchait pas. Le directeur entra, on le mit au courant ; on contenait cependant le comédien, sans rien comprendre à sa résistance, et, bon gré malgré, le régisseur lui fit sauter d’un coup les boucles du genou, et lui farcit les jambes de toutes les loques qu’il put trouver. Cela fait, on le poussa dehors, hagard et dégradé, comme un chien à qui l’on vient de couper les oreilles.

Il tomba accablé sur un banc de gazon en bois peint. Le costume où il se voyait et le comique de cette dernière scène le faisaient rire lui-même par amères bouffées, et, donnaient à sa fureur l’air de la folie. Les amateurs et les comédiens s’amassaient autour de lui. Il se leva, et s’approcha du rideau. Clémence était toujours là qui s’éventait dans sa loge, et qui attendait, tranquille et avide comme tous les autres spectateurs. Déjà le parterre s’impatientait. Collinet rappela tout son courage, demanda un verre de vin et le but d’un trait.

Il était tombé dans d’étranges perplexités : tout le bas comique et les extravagances du rôle dépendaient de lui ; il pouvait à son gré les faire ressortir ou les dissimuler. Il pouvait jouer froidement, avec retenue, paraître contraint et peu fait pour ce métier, ou exécuter au contraire effrontément tous les lazzis du rôle ; mais s’il jouait bien, il se déshonorait, il s’exposait à tous les dégoûts de Clé-