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Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/216

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quelle était la sienne, où il se flattait de se rencontrer avec eux.

M. Sorel et Clémence demeurèrent étonnés, comme on pense, et de l’abattement passèrent à l’espérance. Pelletier s’expliquait fort bien tout ceci ; mais il crut devoir moins que jamais rappeler la circonstance ancienne qui s’y rattachait, et surtout la part qu’il y avait prise, dont il ne se sentait pas à l’aise maintenant. Il renchérit seulement sur l’importance du cas, et il se mit à demander sa protection auprès de M. H… à Clémence, qui prit la chose en riant.

Le jour d’après, à l’heure du spectacle, une voiture avec le même laquais vint prendre le père et la fille. Ces bonnes gens ne savaient rien des choses de Paris, ni de la pompe des théâtres. Or, c’était une première représentation ; la salle était remplie et du plus beau monde. Ils étaient dans une loge d’avant-scène, la place la plus relevée. À peine entrés, ils entendirent circuler partout dans la foule le nom de M. H…, et l’on disait H… tout court, comme d’un homme célèbre. H… devait donc jouer le premier rôle, et l’on se pressait pour se placer.

Clémence était fort troublée ; des souvenirs lui passaient dans l’esprit ; elle n’était point allée au théâtre depuis cette douloureuse soirée de la Résurrection de Jocrisse, où elle avait vu outrager si indignement ce pauvre comédien de son pays ; et puis la vue de cette riche assemblée l’avait émue : son cœur battait.

L’orchestre joua l’ouverture, et le rideau se leva lentement au milieu d’un silence solennel.

Deux femmes magnifiquement vêtues ouvraient la pièce.