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Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/221

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cien et froissé. C’était le feuillet du livre qu’il avait autrefois ramassé sous le balcon, déchiré au passage qu’il avait lu et touché. Ce fut un trait de lumière. H… ouvrit les bras et Clémence y tomba éperdue. Ils demeurèrent ainsi à pleurer dans cet embrassement avec des mots entrecoupés.

Il était tard, H… avait hâte qu’on se retirât, le cœur trop plein et trop agité pour tenir tête à cette foule ; enfin elle s’écoula. M. Sorel fut mis au fait ; on lui raconta l’innocente intrigue, et les jeunes gens s’embrassèrent encore devant lui. Le bonhomme attendri consentit à tout, croyant rêver. Seulement il fit alors cette représentation qui lui fût venue d’abord à l’esprit, si l’âge et les chagrins ne l’avaient singulièrement éteint, c’est-à-dire qu’il était indispensable que H… quittât le théâtre. H… l’avait prévenu. Il avait rompu ses engagements, et pouvait désormais vivre de sa plume et de ses épargnes dans une honnête médiocrité.

Quinze jours après, la noce faite, H… emmena sa femme à une petite maison qu’il avait dans une belle campagne. M. Sorel y eut son appartement. Ce fut là, sous les arbres, sur les pelouses, dans quelque pavillon calme et fleuri, que H… et Clémence, toujours seuls, toujours ensemble, passèrent, en de continuels enivrements, les premiers mois d’une vie tranquille et heureuse, et qui, dit-on, dure encore.