Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/316

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aiguë, et ses yeux s’arrondirent en me dardant un regard fixe et perçant.

— Vous n’avez pas lu le ?…

J’avoue que cet air, ce regard et cette parole me firent éprouver quelque confusion.

Je pensai que lui, qui parlait, n’avait peut-être pas lu tout Pantagruel et cela me consola.

Je suis tout à fait rassuré, surtout depuis que j’ai parcouru les feuilletons dont il parlait.

Il me lâcha là-dessus son flux de questions, interrogations douteuses qu’on pourrait indifféremment flanquer de points d’admiration.

— Mais comment !… mais pourquoi ?… tout le monde a lu ça ! etc., etc…

Il me fut absolument impossible, en effet, de dire pourquoi je n’avais pas cet ouvrage.

— J’ai la collection complète, je vous l’enverrai. Et je retrouvai sur ma table de nuit cette collection, que M. Blondel avait eu la bonté de m’apporter lui-même. Prévenant, gracieux, mais dangereux et irréfléchi prosélytisme !

Ma prière faite, je me couchai, et j’ouvris la liasse, me promettant bien de souffler à temps ma bougie.

Cette vieille et mauvaise habitude de lire tous les soirs dans mon lit fait l’unique tourment de ma bonne Desfontaines, qui compte chaque matin me trouver grillé sous mes draps, elle me l’a prédit cent fois. Il est vrai que je m’endors souvent sur mon livre, mais en vérité il n’y a pas toujours de ma faute.

Je me mis donc à lire…

Ô l’abominable lecture !… L’auteur, je pense, ne me