— Madame Gidoin a raison, dit madame Fressurey ; le grade n’y fait rien.
— Et puis, dites donc, reprit madame Gidoin avec apprêt, soixante et onze ans, mes bonnes, soixante et onze ans, c’est-à-dire que cet homme n’en a peut-être pas pour six mois. Je vous engage même à vous dépêcher ; on n’en retrouverait pas un pareil.
— Pour l’âge, c’est un bel âge, reprit madame Fressurey.
— Et puis, dites donc, continua madame Gidoin avec le même zèle, une chose qui va joliment flatter Cécile, une famille très comme il faut, une famille noble à ce qui paraît ; car il est étonnant que cet homme n’ait pas été plus protégé : il s’appelle de Schérer ; c’est-à-dire, on l’appelle Schérer tout court ; mais son vrai nom est de Schérer, ce qui prouve qu’il est noble, hein ? C’est encore un agrément que de s’appeler madame de Schérer.
Cécile prit un air plus doux.
— Oui, le nom me convient.
— Eh bien, puisque c’est tout ce qu’il vous faut, qu’est-ce que vous avez à dire, au reste ?
— C’est vrai, dit madame Fressurey, qu’as-tu à dire à ça, ma Cécile ? Car enfin, tu n’es pas raisonnable ; tu t’opposes à ton bonheur.
— Moi, dit Cécile d’un air de victime, je ne m’oppose à rien, puisque c’est une chose nécessaire.
Madame Gidoin et la mère firent honneur de cette soumission à leur éloquence ; mais, en réalité, le nom du futur époux, ce de, si galamment placé devant un de ces noms étrangers qui ont toujours bon air, ce nom, dis-je, avait secrètement chatouillé la faiblesse de Cécile.