Aller au contenu

Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Tiens, parle donc à monsieur, qui ne veut pas entendre raison.

— Je parle honnêtement, dit Schérer ; madame n’est qu’une bête ; je demande madame Schérer, mon épouse devant la loi.

— Tu vois dans quel état il est, dit la femme.

— Ces dames sont sorties, dit le portier pâlissant. C’est la vérité qu’on vous dit.

— Vous êtes payés pour ça. Mais j’ai des droits ; ôte-toi de là que je passe.

Schérer enfonça son chapeau sur sa nuque d’un air qui présageait de sinistres événements si le portier se fût décidé à se montrer aussi chatouilleux que lui ; mais Renault fit un sacrifice à la paix des locataires.

— Tenez, obstiné, tenez, s’écria-t-il tout éploré en ouvrant la porte de sa loge, voilà leurs clefs ; qu’est-ce que vous voulez de plus ? Vous voyez bien qu’elles n’y sont pas.

Schérer s’arrêta dans la même attitude, pesant la force de cet argument.

— Madame n’est toujours qu’une bête, mais je reviendrai.

— On ne vous insulte pas, disait Renault tendrement en le reconduisant, n’insultez pas les autres.

— Qu’est-ce que tu racontes, concierge ? s’écria Schérer, content de voir s’ouvrir un nouveau jour à sa colère.

Mais Renault, par mesure prudente, acheva de le pousser hors de la porte, et la lui ferma à grand bruit sur le nez, le laissant exhaler sa fureur au dehors. Après quoi il rejoignit sa femme, encore trop ému de ce scandale pour