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Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/90

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au bout d’une allée, vint lui dire qu’on le demandait. Lapointe parut inquiet, car c’était une chose extraordinaire ; Schérer en conçut bon augure.

— Vois-tu, c’est peut-être quelque chose de bien qui m’arrive. Le magistrat m’a dit qu’il ferait des démarches auprès de la famille de l’Italien. Je m’attends de jour en jour qu’elle fera quelque chose pour moi.

Ce disant, il suivit le caporal à distance, et Lapointe le suivit lui-même de plus loin encore.

Schérer trouva devant le corps-de-garde une vieille femme et deux enfants qui jouaient.

— Ah ! monsieur Schérer, dit la vieille, vous savez le malheur qui m’est arrivé. Me voilà seule avec ces deux petits malheureux dont les mois sont échus.

Dans cette femme amaigrie, ruinée, mal vêtue et si prodigieusement changée, Schérer reconnut madame Fressurey ; mais l’indignation, la surprise, l’empêchaient de parler.

— Que je vous conte mes peines, mon bon monsieur Schérer, reprit la vieille, interprétant à bien ce silence ; ma fille est donc partie, comme vous savez, la malheureuse ! Voilà que la femme qui gardait ces enfants n’était pas même payée des deux derniers mois ; voilà qu’elle est venue me les ramener, et voilà que ces innocents me tombent sur les bras.

Si Schérer eût connu Molière, il eût répliqué par le mot de Sganarelle : Mettez-les à terre, car c’était là le fond de sa pensée ; mais elle se produisit ainsi :

— Eh bien ! après ?

— Eh bien ! mon bon monsieur Schérer, qui pourra