Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/299

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Minos t’est cher encore, renonce à tout amour adultère ; ou, si tu veux tromper ton époux, que ce soit du moins avec un homme. Mais non, transfuge de sa couche royale, elle court de forêts en forêts, pareille à la Bacchante pleine du dieu qui l’agite. Que de fois, jetant sur une génisse des regards courroucés, elle s’écria : "Qu’a-t-elle donc pour lui plaire ? Voyez comme à ses côtés elle bondit sur l’herbe tendre ! l’insensée ! elle croit sans doute en paraître plus aimable." Elle dit ; et, par son ordre, arrachée du nombreux troupeau, l’innocente génisse allait courber sa tête sous le joug, ou, dans un faux sacrifice, tomber aux pieds des autels ; puis la cruelle touchait avec joie les entrailles de sa rivale. Que de fois, immolant de semblables victimes, elle apaisa le prétendu courroux des dieux, et tenant en main de pareils trophées : "Allez maintenant, dit-elle, allez plaire à mon amant !" Tantôt, elle voudrait être Europe ; tantôt, elle envie le sort d’Io : l’une, parce qu’elle fut génisse, l’autre, parce qu’un taureau la porta sur son dos. Cependant, abusé par le simulacre d’une vache d’érable, le roi du troupeau couvrit Pasiphaé ; et le fruit qu’elle mit au jour trahit l’auteur de sa honte.

Si cette autre Crétoise eût su se défendre d’aimer Thyeste, (