Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/301

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’un plaisir nouveau : le bien d’autrui nous sourit toujours plus que le nôtre : la moisson nous semble toujours plus riche dans le champ du voisin, et son troupeau plus fécond.

Mais ton premier soin doit être de lier connaissance avec la suivante de la belle que tu courtises : c’est elle qui te facilitera l’accès de la maison. Informe-toi si elle a l’entière confiance de sa maîtresse, si elle est la fidèle complice de ses secrets plaisirs. Promesses, prières, n’épargne rien pour la gagner. Ton triomphe alors sera facile ; tout dépend de sa volonté. Qu’elle prenne bien son temps (c’est une précaution qu’observent les médecins) ; qu’elle profite du moment où sa maîtresse est d’une humeur plus facile, plus accessible à la séduction. Ce moment, c’est celui où tout semble lui sourire, où la gaieté brille dans ses yeux comme les épis dorés dans un champ fertile.

Quand le cœur est joyeux, quand il n’est point resserré par la douleur, il s’épanouit ; c’est alors que Vénus se glisse doucement dans ses plus secrets replis. Tant qu’Ilion fut plongée dans le deuil, ses armes repoussèrent les efforts des Grecs ; et ce fut dans un jour d’allégresse qu’elle reçut dans ses murs ce cheval aux flancs chargés de guerriers.

Choisis encore l’instant où ta