Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/310

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chevelure et ta barbe. Que tes ongles soient toujours nets et polis ; que l’on ne voie aucun poil sortir de tes narines ; surtout que ton haleine n’infecte pas l’air autour de toi, et prends garde de blesser l’odorat par cette odeur fétide qu’exhale le mâle de la chèvre. Quant aux autres détails de la toilette, abandonne-les aux jeunes coquettes, ou à ces hommes qui recherchent les honteuses faveurs d’autres hommes.

Mais voici que Bacchus appelle son poète ; favorable aux amants, il protège les feux dont il brûla lui-même. Ariane errait éperdue sur les plages désertes de l’île de Naxos, toujours battue des flots de la mer. À peine échappée au sommeil, elle n’était vêtue que d’une tunique flottante ; ses pieds étaient nus, sa blonde chevelure flottait en désordre sur ses épaules, et des torrents de larmes inondaient ses joues : elle redemandait aux flots le cruel Thésée ; les flots restaient sourds à ses cris. Elle criait et pleurait à la fois ; mais (heureux privilège de la beauté !) ses cris et ses pleurs ajoutaient encore à ses charmes. "Le perfide ! disait-elle en se frappant le sein, il me fuit ! que vais-je devenir ? hélas ! quel sera mon sort ?"

Elle dit ; et soudain