Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/313

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effleurés, et qu’en même temps ta main rencontre la sienne.

Tâche aussi de plaire au mari de la belle ; rien ne sera plus utile à tes desseins que son amitié. Si le sort, te favorisant, te donne la royauté du festin, aie soin de la lui céder ; ôte ta couronne pour en orner sa tête. Qu’il soit ton inférieur ou ton égal, n’importe, laisse-le se servir le premier, et, dans la conversation, n’hésite pas à prendre le second rôle. Le moyen le plus sûr et le plus commun de tromper, c’est d’emprunter le nom de l’amitié ; mais, quoique sûr et commun, ce moyen n’en est pas moins un crime. En amour, le mandataire va souvent plus loin que son mandat, et se croit autorisé à dépasser les ordres qu’il a reçus.

Je vais te prescrire la juste mesure que tu dois observer en buvant : que ton esprit et tes pieds gardent toujours leur équilibre ; évite surtout les querelles qu’engendre le vin, et ne sois pas trop prompt au combat. N’imite pas cet Eurytion qui mourut sottement pour avoir trop bu : la table et le vin ne doivent inspirer qu’une douce gaieté. Si tu as de la voix, chante ; si tes membres sont flexibles, danse ; enfin, ne néglige aucun de tes moyens de plaire. Une ivresse véritable inspire