Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/315

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

passa de la feinte à la réalité ! Jeunes beautés, montrez-vous plus indulgentes pour ceux qui se donnent les apparences de l’amour ; cet amour, d’abord joué, va devenir sincère. Tu peux encore, par d’adroites flatteries, t’insinuer furtivement dans son cœur, comme le ruisseau couvre insensiblement la rive qui le dominait. N’hésite point à louer son visage, ses cheveux, ses doigts arrondis et son pied mignon. La plus chaste est sensible à l’éloge qu’on fait de sa beauté, et le soin de ses attraits occupe même la vierge encore novice. Pourquoi, sans cela, Junon et Pallas rougiraient-elles encore aujourd’hui de n’avoir point obtenu le prix décerné à la plus belle dans les bois du mont Ida ? Voyez ce paon : si vous louez son plumage, il étale sa queue avec orgueil ; si vous le regardez en silence, il en cache les trésors. Le coursier, dans la lutte des chars, aime les applaudissements donnés à sa crinière bien peignée et à sa fière encolure.

Ne sois point timide dans tes promesses, ce sont les promesses qui entraînent les femmes. Prends tous les dieux à témoin de ta sincérité. Jupiter, du haut des cieux, rit des parjures d’un amant, et les livre, comme un jouet, aux vents d’Éole pour les emporter. Que de fois il jura faussement