Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/328

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toutefois sa course aérienne. D’abord la nouveauté de ce voyage les enchante ; et bientôt, bannissant toute crainte, l’audacieux Icare prend un essor plus hardi. Un pêcheur les aperçut tandis qu’il cherchait à prendre les poissons à l’aide de son roseau flexible, et la ligne s’échappa de ses mains. Déjà, ils ont laissé sur la gauche Samos, et Naxos, et Paros, et Délos chère à Phébus : ils ont à leur droite Lébynthe, Calymne ombragée de forêts, et Astypalée environnée d’étangs poissonneux, lorsque le jeune Icare, emporté par la témérité, trop commune, hélas ! à son âge, s’éleva plus haut vers le ciel, et abandonna son guide. Les liens de ses ailes se relâchent ; la cire se fond aux approches du soleil, et ses bras qu’il remue n’ont plus de prise sur l’air trop subtil. Alors, du haut des cieux, il regarde la mer avec épouvante, et l’effroi voile ses yeux d’épaisses ténèbres. La cire était fondue ; en vain il agite ses bras dépouillés ; tremblant et n’ayant plus rien pour se soutenir, il tombe ; et dans sa chute : "Ô mon père ! ô mon père ! s’écrie-t-il, je suis entraîné." Les flots azurés lui ferment la bouche. Cependant son malheureux père (hélas ! il avait cessé de l’être) : "Icare ! mon