Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/349

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compagne pour partager ses plaisirs. La biche suit le cerf ; le serpent s’unit au serpent ; le chien s’accouple à la chienne ; la brebis et la génisse se livrent avec joie aux caresses du bélier et du taureau ; le bouc, tout immonde qu’il est, ne rebute point la chèvre lascive. La cavale, en proie aux fureurs de l’amour, franchit, pour rejoindre le cheval, et l’espace et les fleuves mêmes.

Courage donc ! emploie ce puissant remède pour calmer le courroux de ta maîtresse ; seul il peut assoupir ses cuisantes douleurs, baume plus efficace que tous les sucs de Machaon. Il saura, si tu as quelques torts, te les faire pardonner.

Tel était le sujet de mes chants quand soudain Apollon m’apparut, et sous ses doigts résonnèrent les cordes d’une lyre d’or ; une branche de laurier était dans sa main ; une couronne de laurier ceignait sa tête. D’un air et d’un ton prophétiques : "Maître dans l’art folâtre d’aimer, me dit-il, hâte-toi de conduire tes disciples dans mon temple. On y lit cette inscription fameuse dans tout l’univers : Mortel, connais-toi toi-même. Celui-là seul qui se connaît suit dans ses amours les préceptes de la sagesse ; seul il sait mesurer ses entreprises à ses forces.