Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/351

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tu l’aperçois chez elle. N’importe, crois qu’elle est sortie et que tes yeux te trompent. Elle a promis de te recevoir la nuit, et tu trouves sa porte fermée : patiente, et couche-toi sur la terre froide et humide. Peut-être même qu’une menteuse servante viendra, d’un air insolent, te dire : "Que veut cet homme qui assiège notre porte ? " Adresse alors des paroles caressantes à ce farouche émissaire, à la porte même, et dépose sur le seuil les roses qui paraient ton front. Si ta maîtresse le permet, accours ; si elle refuse de te voir, retire-toi. Un homme bien appris ne doit jamais se rendre à charge. Voudrais-tu la forcer à dire : "Il n’y a pas moyen d’éviter cet importun ? " Les belles ont souvent des caprices déraisonnables. N’aie pas honte de supporter ses injures, ses coups même, ni de baiser ses pieds délicats.

Mais pourquoi m’arrêter à de si minces détails ? Occupons-nous d’objets plus importants. Je vais chanter de grandes choses : peuple des amants, porte-moi toute ton attention. Mon entreprise est périlleuse ; mais, sans le péril, où serait le courage ? Le but que mon art se propose n’est pas d’un facile accès. Supporte sans te plaindre un rival, et ton triomphe est assuré, et tu monteras vainqueur au temple du grand Jupiter.