Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/355

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à moi, je le proclame de nouveau, je ne chante ici que des plaisirs que la loi permet : nous n’associons à nos jeux aucune matrone.

Qui oserait divulguer aux profanes les mystères de Cérès et les rites pieux institués dans la Samothrace ? Il y a peu de mérite à garder le silence qui nous est prescrit ; mais dire ce qu’on doit taire est une faute des plus graves. Oh ! c’est avec justice que Tantale, puni de son indiscrétion, ne peut saisir les fruits suspendus sur sa tête et brûle de soif au milieu des eaux ! Cythérée surtout défend de dévoiler ses mystères. Je vous en avertis, aucun bavard ne doit approcher de ses autels. Si les attributs de son culte ne sont point renfermés dans de mystiques corbeilles ; si l’airain à ses fêtes ne retentit point de coups redoublés ; si elle ouvre son temple à tous, c’est à la condition de ne pas divulguer ses mystères. Vénus elle-même ne quitte jamais son voile sans couvrir d’une pudique main ses charmes secrets. Les troupeaux se livrent en tout lieu, et au conspect de tous, aux ébats de l’amour, et souvent, à cette vue, la jeune fille détourne les yeux ; mais il faut à nos larcins amoureux un secret asile, des portes closes, et nous