Aller au contenu

Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/393

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui vient d’être coupé sur le sommet des montagnes. Cet amour est plus sûr ; l’autre est plus actif, mais moins durable : hâtez-vous de cueillir ce fruit éphémère.

Qu’enfin la place se rende à discrétion ; que les portes soient ouvertes à l’ennemi, et qu’il se croie en sûreté au sein même de la trahison. Des faveurs trop facilement accordées sont peu propres à nourrir longtemps l’amour : il faut mêler à ses douces joies quelques refus qui l’irritent. Que votre amant, devant leseuil de votre chambre, s’écrie : "Porte cruelle ! " et qu’il emploie tour à tour la prière et la menace. Les aliments trop doux affadissent le palais ; l’amertume réveille notre appétit ; plus d’une barque périt par un vent favorable. Ce qui empêche les maris d’aimer leurs femmes ; c’est qu’ils peuvent les voir autant qu’il leur plaît. Fermez donc votre porte, et que votre portier me dise d’un ton rébarbatif : "On n’entre pas ! " Ce refus irritera l’amour éconduit.

Quittez, il en est temps, les armes émoussées, pour en prendre de plus acérées, dussé-je voir se tourner contre moi les traits que je vous ai fournis. Que le nouvel amant tombé captif dans vos filets se flatte d’abord d’être seul admis aux