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Page:Ovide - Œuvres complètes, Nisard, 1850.djvu/480

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LIVRE DOUZIÈME


ARGUMENT. — I. Sacrifice d’Iphigénie. — II. Palais de la Renommée ; métamorphose de Cycnus en cygne. — III. Récit de Nestor : métamorphose de la vierge Cénis en homme, puis en oiseau. Combat des Centaures et des Lapithes. — IV. Métamorphose de Périclymène en aigle. — V. Mort d’Achille.


I. Priam pleure la mort d’Ésaque : il ne sait pas que, couvert d’ailes nouvelles, ce fils qu’il regrette respire encore. Hector, avec ses frères, rend les derniers honneurs au tombeau qui ne renferme pas la cendre d’Ésaque, et n’a de lui que le nom ; seul, Pâris est absent. Bientôt il allait ramener dans Troie et l’épouse qu’il ravit à Ménélas et les longs malheurs de la guerre. Mille vaisseaux vont s’élancer à sa poursuite ; la Grèce entière conjurée s’arme pour venger cette injure. Tout est près ; mais les vents ennemis retardent la vengeance, et attachent la flotte aux rivages de l’Aulide.

Suivant l’antique usage, on prépare un sacrifice à Jupiter. Mais à peine la flamme a-t-elle brillé sur l’autel, qu’un serpent glisse et s’élance sur un platane voisin : au haut de l’arbre est un nid : les huit petits oiseaux qu’il renferme, le reptile avide les dévore ; la mère volait autour d’eux tremblante, il la saisit et l’engloutit avec eux. Tous les Grecs sont frappés d’un muet étonnement ; mais le fils de Thestor(1), habile à comprendre les présages : « Nous vaincrons, s’écrie-t-il ; Grecs, réjouissez-vous ; Ilion doit tomber. Mais la victoire nous coûtera de longs travaux, et le nombre de ces oiseaux dévorés vous présage la durée de la guerre. » Il dit. Le serpent, dont les anneaux s’enroulaient autour des verts rameaux du platane, se change en pierre, et cette pierre conserve sa première forme.

La mer, toujours irritée, refuse le passage aux guerriers : il en est qui croient que Neptune protège les murs que sa main a construits. Mais Chalcas sait et proclame qu’il faut le sang d’une vierge pour apaiser la colère d’une vierge, de Diane irritée. Il faut qu’Agamemnon sacrifie sa tendresse à l’intérêt commun, que le roi l’emporte sur le père. Iphigénie est conduite aux pieds des autels, et son sang virginal va couler sous le couteau des sacrificateurs émus ; la déesse enveloppe la victime d’un nuage, et, au milieu du sacrifice et des prières, remplace par une biche la vierge de Mycènes.