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LES AMOURS

Que sert m’être hâté, n’avoir pris nul repos ?
Pourquoi nuit et jour ce voyage,
S’il faut qu’ici j’attende, et si l’autre rivage
Trop tard m’admet, piètre héros ?
Que n’ai-je, en ce moment, les ailes de Persée,
Lorsqu’il ravit un masque affreux,
Ou que n’ai-je ce char aux grains miraculeux
Dont fut la terre ensemencée !
Des poètes anciens ce sont là jeux d’esprit :
Nul n’a vu, ne verra ces choses.
Toi, fleuve, — et qu’à ce prix toujours tu nous arroses ! —
Débordé, rentre dans ton lit.
Tu ne pourras porter les publics anathèmes,
Si tu retiens des pieds d’amant.
Tout fleuve aux amoureux doit aider galamment :
L’Amour brûla les fleuves mêmes.

De la nymphe Mélie Inachus, sauf erreur,
Sous la glace adora les charmes.
Ô Xanthe, Troie encor des Grecs bravait les armes,
Quand Néère fixa ton cœur.
Et qui donc fit courir, si ce n’est Aréthuse,
L’agile Alphée en maint canton ?
Pénée à l’œil de Xanthe en Phtiotide, dit-on,
Cacha la promise Créüse.
Te nommerai-je Asope entraîné par Thébé,
De cinq filles future mère ?
Achéloüs, où sont tes deux cornes ? À terre I