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LES AMOURS

Aux infernales Sœurs le parricide Oreste
N’osa-t-il pas lancer des traits ?
Moi, j’ai donc pu m’en prendre à ses cheveux épais.
Quel désordre charmant, du reste !
Sa beauté s’en accrut : ainsi, l’arc à la main,
Courait la fille de Schénée,
Et pleurait Ariane, en voyant de Thésée
Les vaisseaux fuir dans le lointain.
Telle Cassandre encor, n’étaient ses bandelettes,
Gisait dans ton temple, ô Pallas.
Qui ne m’aurait dit : « Fou ! » même : « Barbare ! » hélas !
Elle, rien : des larmes muettes.
Je n’en lisais pas moins ma honte dans ses yeux
Plus accablants que des paroles ;
Mais que n’ai-je plutôt sans bras vu mes épaules !
Être sans bras eût été mieux.
Pernicieux emploi de mes forces maudites !
Leur excès est mon châtiment.
À bas, main sacrilège, odieux instrument,
Subis les fers que tu mérites !

On ne saurait toucher au moindre citoyen,
L’on pourrait battre sa maîtresse ?
Diomède est un monstre : il frappe une Déesse ;
Mon attentat s’égale au sien.
Non, je l’ai surpassé : lui blesse une ennemie,
Et moi l’objet de mon amour.
Va, monte au Capitole et triomphe au grand jour ;