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LES AMOURS

D’une seule beauté mon cœur n’est point épris ;
J’ai cent motifs d’aimer sans cesse.
Vois-je des yeux baissés, un modeste souris,
La pudeur accroît mon ivresse.
Un regard provocant, sur de moelleux coussins
Me promet des jeux de Bacchante.
L’air farouche et rigide, imité des Sabins,
Voile, je pense, une âme ardente.
Est-on docte ? louange à de rares talents !
Ignorante ? gloire aux naïves !
Callimaque a des vers près des miens peu coulants :
Toi qui le dis, tu me captives.
Celle-ci critiqua ma muse et ses accords ?
Je voudrais la prendre à la taille.
Nonchalante, on me plaît ; et raide, ce beau corps
S’assouplira, livrant bataille.
L’une égrène, en chantant, les perles de sa voix ;
J’aspire à ces lèvres charmantes.
L’autre parcourt la lyre avec de légers doigts :
Qui n’aimerait mains si savantes ?
Et ces bras arrondis, et ce pas cadencé
D’où le geste lascif s’échappe ?
Ne parlons pas de moi que tout rend insensé :
Vienne Hippolyte, et c’est Priape !

Toi, si grande, en ton port Andromaque revit ;
Au lit tu tiens royale place.
La petite a du nerf. Chacune me ravit :