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LES AMOURS

Ou la vierge qu’Hymen engage.
Des roses, près des lys, tel brille l’incarnat ;
Telle est Phébé qu’un sorcier prie ;
Tel l’ivoire d’Assur qu’on teint en Méonie,
Pour prévenir un jaune éclat.

D’une de ces rougeurs s’embrasa la coupable ;
Elle embellit encor vraiment.
Ses yeux miraient le sol, d’un air humble et charmant :
Triste, elle était plus adorable.
Son chignon parfumé, sa joue au fin duvet
À ma rage à peine échappèrent ;
Mais, en la contemplant, mes bras nerveux tombèrent ;
Sa même beauté la sauvait.
J’implorai d’elle, moi, qui l’aurais mise en poudre,
Des baisers non moins sensuels :
Elle sourit, et m’en fît des meilleurs, de tels
Qu’ils dompteraient Zeus et sa foudre.
J’ai peur que mon rival n’en ait pris d’aussi chauds ;
Je ne veux pas qu’ils soient les mêmes.
Corinne a dépassé, dans ceux-ci, mes doux thèmes ;
Elle sait des baisers nouveaux.
Tant d’art m’effraye : hélas ! nos langues frémissantes
S’engloutirent pour mon tourment !
Un point m’afflige encore, et ce n’est seulement
Ce cas d’étreintes ravissantes ;
Mais au lit seul s’enseigne un tel raffinement :
Quel grand maître en a l’agrément ?…