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ORNEMENTS DE LA RENAISSANCE.


Partie d’une porte dans un des palais des Dorias près de l’église de San Matteo, Gênes.
comme maîtres dans l’art de décorer les murs. Benozzo Gozzoli, le fameux
Ornement qui s’élance verticalement, près de l’église de Sta. Maria dei Miracoli, Venise.
contemplateur de la nature, qui vivait dans le siècle suivant, était également assidu dans ses études de l’antiquité, comme on peut le voir dans les ornements architectoniques qui forment le fond de ses tableaux au Campo Santo, ainsi que dans les magnifiques arabesques qui divisent ses peintures de San Gimignano. Ce fut Andrea Montegna, cependant, qui imprima à la peinture le mouvement que Donatello avait donné à la sculpture, et cela, non seulement pour les figures, mais aussi pour toutes les variétés des ornements empruntés à l’antique. Les magnifiques cartons de cet artiste, que nous avons le bonheur de posséder à Hampton Court, pourraient passer, jusques dans leurs détails les plus minutieux, pour les dessins d’un ancien Romain. Vers la fin du quinzième siècle, le style de la polychromie prit une tournure nouvelle et marquée, dont nous détaillerons les particularités dans une autre notice subséquente, où nous traiterons des arabesques et des ornements grotesques.

En détournant nos regards de l’Italie pour les diriger vers la France, pays qui, le premier parmi les nations de l’Europe, alluma son flambeau au grand feu des arts de la renaissance, auquel l’Italie avait mis la flamme ; nous trouvons que les expéditions guerrières de Charles VIII. et de Louis XII., avaient communiqué à la noblesse de France une admiration ardente pour la splendeur des arts, qu’ils rencontraient à Florence, à Rome, et à Milan. Les premiers indices évidents du changement qui allait s’opérer, furent manifestés dans le monument (détruit malheureusement en 1793), érigé en 1499, à la mémoire de Charles VIII., autour duquel des figures de femmes, en bronze doré, représentant les vertus, étaient groupées exactement dans le genre italien. Dans la même année, le Roi Louis XII. invita le célèbre Fra Giocondo, architecte de Verona, ami et condisciple d’Aldus l’aîné, et le premier qui publiât une bonne édition de Vitruvius, à se rendre en France. Il y resta de 1499 à 1506, et fournit au roi son maître, le dessin de deux ponts sur la Seine, et probablement aussi quelques œuvres moins importantes qui ont péri depuis. C’est à lui qu’on a fréquemment attribué la construction du superbe château de Gaillon, commencé par le cardinal d’Amboise en 1502, mais au dire d’Émeric David et d’autres archéologues français, cette assertion ne s’appuie pas sur des fondations suffisamment satisfaisantes. L’évidence que l’on peut tirer de la construction même, est tout en faveur d’une origine française, et contraire à Giocondo, qui était plutôt un ingénieur et un investigateur, qu’un ornementiste. D’ailleurs on y trouve, entremêlé avec ce que l’on peut avec justice appeler classique, une masse d’ouvrage bourguignon ; de manière qu’on commettrait une injustice envers Giocondo en lui attribuant la construction de ce château, de même qu’on ferait tort à la France, en lui contestant l’honneur, de devoir son premier

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