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ORNEMENTS ITALIENS.

sidération que les autres artisans. En 1602, on frappa une médaille d’or à Murano, dans le but de transmettre à la postérité les noms des premiers fabricants qui établirent des verreries dans l’île, et les noms qui s’y trouvent sont ceux des manufacturiers : Muro, Leguso, Motta, Bigaglia, Miotti, Briati, Gazzabin, Vistosi, et Bailarin. Les Vénitiens réussirent à garder leur secret précieux, pendant deux siècles environ, et par ce moyen, ils monopolisèrent le commerce de la verrerie dans toute l’Europe ; mais au commencement du dix-huitième siècle, le goût de la verrerie massive taillée commença à prévaloir, et la Bohême, la France, et l’Angleterre prirent part à l’exploitation de cette branche de l’art industriel.

Un grand nombre d’ouvrages magnifiques en métaux précieux furent exécutés à cette époque, dont un grand nombre, on le suppose, a été fondu, en Italie, lors du sac de Rome, et en France, pour payer la rançon de Francois 1er. Il n’y a pas de doute, cependant, que la plus grande partie n’ait été remodelée dans la suite. Le cabinet du Grand Duc de Toscane, à Florence, et le musée du Louvre, à Paris, possèdent néanmoins de belles collections de coupes et d’autres objets émaillés et ornés de pierreries, qui prouvent suffisamment l’habileté et le goût des orfèvres et des bijoutiers du seizième siècle. Un des plus riches bijoux que la mode mit en vogue et qui continua à être porté pendant un temps considérable, fut « l’enseigne, » espèce de médaille que les nobles portaient généralement à leurs chapeaux, et les dames dans leurs coiffures. La coutume de donner des présents dans toutes les occasions importantes, procurait continuellement de l’ouvrage aux bijoutiers des deux pays ; et même pendant les temps de troubles, ceux établis dans le voisinage de la cour, voyaient fleurir leur commerce. La restauration de la paix en Italie, après la convention de Château Cambresis, et en France, à l’avènement de Henri IV., amena une augmentation de demandes pour les ouvrages d’orfèvrerie ; et dans la suite, la magnificence des cardinaux de Richelieu et de Mazarin ouvrit la voie au siècle de Louis le Grand, pour qui furent exécutés de beaux ouvrages d’art par l’orfèvre parisien, Claude Ballin, lequel travaillait dans le Louvre, avec Labarre, Vincent Petit, Julien Desfontaines, et autres. L’aigrette fut un des objets qui, à cette époque, mit le plus à contribution, l’ingénuité des bijoutiers ; elle était généralement portée par la noblesse. À partir de cette époque, le style de la bijouterie française entra dans une voie rapide de décadence ; la perfection du travail dans les objets en métaux passa à ceux de bronze et de laiton, — les ciselures sur laiton du célèbre Gouthier, sous le règne de Louis XVI., sont au-dessus de tout éloge. Nous reproduisons deux


Arabesque par Théodore de Bry, un des Petits Maîtres.


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