Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/203

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Mais l’idolâtrie restait maîtresse des campagnes. Les guirlandes votives paraient encore les arbres sacrés. Le voyageur rencontrait sur sa route des temples ouverts où fumaient les charbons du sacrifice ; des statues debout, et à leurs pieds des autels portatifs ; quelquefois un paysan à l’œil hagard, sur l’épaule un manteau déchiré, une épée à la main, faisant profession de servir Diane, la grande déesse, et de révérer l’avenir[1]. Cependant le christianisme crut que des hommes grossiers, mais qui travaillaient, qui souffraient, qui vivaient de cette vie des champs d’où le Sauveur avait tiré ses paraboles, n’étaient pas éloignés du royaume de Dieu. Il les convoqua dans l’Église et ne dédaigna pas de disputer devant des laboureurs et des pâtres, comme saint Paul devant l’Aréopage.

C’est surtout dans les homélies de saint Maxime de Turin qu’il faut chercher l’exemple de cette controverse populaire. Les habitants des âpres vallées du Piémont

  1. Porphyr. ap. S. Augustinum, de Civit. Dei, lib. X, cap. 32. Origène, Contra Celsum ; Prudence, Contra Symmachum, I :

    Omnis qui celsa scandit cœnacula vulgus,
    Quique terit scilicem variis dircursibus atram
    Et quem panis alit gradibus dispensus ab altis.
    Aul Vaticano tumulum sub monte frequentat…
    Cœlibus aut magnis lateranas currit aedes.


    Sancti Severi carmen Bucolicum :

    Signum quod perhibent esse crucis Dei
    Magnis qui colitur solus in urbibus.


    S. Maxime de Turin, Serm. 101 : « Et si ad agrum processeris, cernis aras ligneas, et simulacra lapidea… Cum maturius vigilaveris, et videris saucium vino rusticum, scire debes quoniam, ut dicunt, aut Dianaticus, aut Aruspex est, » etc Idem, Serm. 102, homilia 16, tractatus 4. Beugnot, Hist. de la chute du paganisme.