Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/204

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défendaient pied à pied les susperstitions de leurs aïeux. L’évêque les provoque et s’attaque d’abord à ce fatalisme qui plaisait à des esprits paresseux en les déchargeant de toute responsabilité morale. «  Si tout est fixé par le destin, pourquoi donc, ô païens ! sacrifiez-vous à vos idoles ? Pourquoi ces prières, cet encens, ces victimes, et tous ces dons que vous étalez dans vos temples ? — C’est, disent-ils, pour que les dieux ne nous nuisent pas. — Comment pourraient vous nuire ceux qui ne peuvent s’aider, qu’il faut faire garder par des chiens de peur que les voleurs ne les enlèvent ; qui ne savent se défendre contre les araignées, les rats et les vers ? — Mais, répliquent-ils, nous adorons le soleil, les étoiles et les éléments. — Ils adorent donc le feu, qu’éteint un peu d’eau et qu’un peu de bois nourrit. Ils adorent la foudre, comme si elle n’obéissait pas à Dieu aussi bien que les pluies, les vents et les nuages. Ils adorent la sphère étoilée, que le Créateur a faite avec un art merveilleux pour l’ornement et la beauté du monde. — Enfin, reprennent les païens, les dieux que nous servons habitent le ciel. » — Le prédicateur les poursuit dans ce dernier refuge, et le fouet de la satire à la main, il fustige les crimes des dieux et des déesses : Saturne dévorant ses enfants, Jupiter époux de sa sœur. Mars adultère. « Serait-ce, continue-t-il, parce que Vénus est belle, que, seule d’entre les déesses, vous la logez dans une planète ? Que faites-vous là-haut de cette femme sans pudeur au milieu de tant d’hommes ?