Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/246

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Je reconnais bien là le paganisme, et ce breuvage amer qu’il donne à ses esclaves me rappelle l’éponge de vinaigre et de fiel qu’un autre Romain, qu’un soldat présentera au bout d’une lance à cet autre esclave mort sur une croix pour la rédemption des esclaves.

Quant aux habitations, Columelle prescrit des ergastula subterranea dans lesquels on ménagera des ouvertures plus haut que la main[1], soit afin de rendre la fuite plus difficile, soit afin de les priver du spectacle de ce monde dont on les retranche. Ceux qui étaient employés à la meule portaient au cou une large roue qui les empêchait de porter la main à leur bouche et de ramasser une poignée de cette farine qu’ils étaient occupés à moudre tout le jour. Ce serait donc bien à tort qu’on attribuerait aux Chinois l’invention du supplice de la cangue ! C’étaient encore là les traitements les plus doux : les lois d’Antonin n’avaient pas aboli le droit de faire des esclaves eunuques, et on les comptait par troupeaux, greges puerorum ; il y avait aussi des troupeaux d’esclaves gladiateurs qui, assemblés chez le lanista, prêtaient l’effroyable serment de se laisser brûler, enchaîner, frapper, égorger, uri, vinciri, verberari, ferroque necari. Si ces gladiateurs n’étaient pas des hommes, ils étaient au moins marchandise, matière à traités ; les jurisconsultes étaient bien obligés de s’occuper d’eux, car on en faisait des louages et des ventes. Gaïus, examinant les difficultés qui peu-

  1. Colum., I, vi, 3.