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CHAPITRE IV


SAINTE-CROIX DE FLORENCE.


Il semble qu’au moment où nous sommes arrivés, c’est-à-dire aux premières années du quatorzième siècle, les arts de la parole et ceux du dessin, que nous avons vus grandir ensemble, étaient en âge de se séparer. Cependant l’inspiration jaillissait encore avec trop d’abondance chez les hommes de ce temps, pour qu’ils ne cherchassent pas à l’exprimer par tous les moyens à la fois, et à compléter l’une par l’autre l’illusion du pinceau et la puissance des vers. Dante ne s’était pas contenté de concevoir l’architecture de ses trois mondes, d’y tailler comme dans le roc vif, d’y peindre les figures qui nous saisissent de terreur et de pitié. Ce poëte incomparable dessinait avec grâce ; on lui attribue la première idée des peintures que Giotto exécuta à Sainte-Claire de Naples. D’un autre côté, les peintres n’avaient pas encore honte d’expliquer par des inscriptions le sujet de leurs tableaux, moins jaloux d’étonner les ignorants que de les