Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/239

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instruire. C’était la coutume de Cimabuë : Buffalmacco l’imita. Chargé de peindre la Création au Campo Santo de Pise, il avait représenté Dieu le Père tenant dans ses mains le ciel tout peuplé d’anges, des sphères, des planètes, et la terre au milieu. Aux deux côtés il avait placé saint Augustin et saint Thomas d’Aquin, c’est-à-dire les deux plus grands interprètes de l’Œuvre divine ; et, comme s’il n’eût pas réussi à faire passer, toute sa pensée dans cette forte composition, il avait écrit au bas un sonnet pour convier les spectacteurs à louer l’Auteur de l’univers.

« Lodate lui che l’ha si ben creato  »

Les Pisans trouvèrent tant de plaisir à ces vers, que plus tard Orcagna ne dédaigna pas un moyen si facile d’animer son Triomphe de la mort. Lui-même avait composé les paroles rimées qu’il prête à ses groupes d’anges, de solitaires, de mendiants. Au-dessous du tableau, d’autres figures déroulaient de longues devises italiennes et latines, alors admirées, maintenant effacées par le temps et par le vent de la mer[1].

Ainsi la poésie ne pouvait se détacher des murailles saintes à l’ombre desquelles elle vécut tant de siècles. L’inspiration qui dictait les chants de Jacopone éleva Sainte-Croix de Florence.

  1. Vasari, Vita di Buffalmacco, vita d’Orcagna.