Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/101

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la destruction de l’Église vont la recruter et la défendre. Les invasions germaniques n’avaient pas assez renouvelé l’Europe romaine. Le nord-ouest de la France et le midi de l’Italie étaient trop peu pénétrés de ce limon qui pouvait seul rajeunir un sol épuisé. Les Normands vinrent donc s’y jeter comme un flot, mais comme un flot régénérateur. Pendant que les monastères brûlaient, on voyait sortir de leurs ruines quelques religieux échappés au massacre, qui prêchaient les pirates, et qui souvent finissaient par les convertir. Les Normands entrèrent dans la civilisation chrétienne. Ils y apportèrent le génie des entreprises maritimes, le génie du gouvernement qu’ils montrèrent dans leurs conquêtes d’Angleterre et d’Italie, le génie de l’architecture, comme ils le firent voir en Sicile par les basiliques dorées de Palerme et de Montréal, en Normandie par ces tours abbatiales et ces flèches qui bordaient la Seine, depuis son embouchure jusqu’à Paris, et qui en faisaient l’avenue monumentale d’un peuple roi. Un peu plus tard, les Hongrois et les Slaves tombaient encore tout couverts de sang aux pieds de saint Adalbert. Ces fléaux de Dieu en devinrent les serviteurs intelligents et libres. Ils apportèrent à la chrétienté le secours d’une épée invincible. Ils la couvrirent du côté de l’Orient contre la corruption byzantine et contre l’invasion musulmane. Alors seulement fut assurée l’indépendance de l’Occident.

En même temps ce démembrement de l’empire, qui arrachait les cris du diacre Florus, préparait de loin