Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/119

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là les périls de la foi, qui n’eut jamais à livrer de combats plus terribles ; de là le désordre des mœurs, les emportements de la chair, le goût du sang, et tout ce qui fit le désespoir des saints, des prédicateurs, des moralistes contemporains. Ces juges sévères ont vu surtout les vices de leur époque, et plusieurs ont ignoré le bien même dont ils étaient les ouvriers. Les scandales qui trompèrent de si grands esprits nous montrent que le moyen âge n’a pas achevé l’œuvre de la civilisation chrétienne, et de si grands esprits trompés nous apprennent, au milieu de notre décadence qui se voit trop, à ne pas nier le progrès que nous ne voyons pas. Venus en des jours mauvais, souvenons-nous que le christianisme qui nous porte en a traversé de pires, et, comme Énée à ses compagnons découragés, disons que nous avons passé par trop d’épreuves pour n’attendre pas de Dieu la fin de celle-ci :

O passi graviora, dabit Deus his quoque finem.