Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/135

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que lui : la métaphysique chrétienne qui se constitue, le christianisme se défendant et redoublant de vigueur et de sagesse pour rester ce que Dieu l’a fait, c’est-à-dire une religion, quand les sectes voudraient en faire une philosophie ou une mythologie.

Ce qui tourmentait l’âme d’Augustin, la maladie qui ne lui laissait de repos ni le jour ni la nuit, c’était la soif de Dieu. C’était le besoin de connaître Dieu qui l’avait jeté dans les assemblées des manichéens où l’on promettait de lui expliquer l’origine du mal, qui le poussait à l’école des néoplatoniciens pour y apprendre la route du souverain bien, qui le ramenait enfin au christianisme, quand il tomba à genoux sous le figuier de son jardin, mouillant de ses pleurs le livre des épîtres de saint Paul. À partir de ce jour, sa vie n’est plus qu’un long effort pour atteindre à cette beauté « toujours ancienne et toujours nouvelle » qu’il se reprochait d’avoir aimée trop tard. Peu de temps après sa conversion, et sous les beaux ombrages de Cassiciacum, où il s’était retiré pour calmer l’orage de ses pensées, il écrivit les Soliloques, et là, se divisant pour ainsi dire en deux personnes, il suppose que sa raison l’interroge et lui demande ce qu’il veut connaître. « Deux choses, répond Augustin, c’est-à-dire Dieu et l’âme. » Mais à quelle notion de Dieu aspire-t-il ? lui suffit-il de connaître Dieu comme il connaît Alypius, son ami ? — Non, car saisir par les sens, voir, toucher, sentir, ce n’est pas connaître. — Mais du moins la théologie de Platon, celle de Plotin, ne satisferaient-elles pas sa curiosité ? — Fussent-elles