Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/145

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débattant sous la main de la Providence qui le traite par le fer, qui le traite par le feu, et qui ne réussit pas à le guérir : « Secamur, urimur, non sanamur. »

Les anciens, en écrivant l’histoire, avaient surtout cherché la beauté littéraire, et de là les ornements et les harangues dont ils chargeaient leurs récits. Les chrétiens cherchèrent premièrement la vérité. Ils la voulurent dans les faits ; ils mirent leur application à rétablir l’ordre des temps, et de là ces chroniques arides, mais scrupuleuses de saint Jérôme, de Prosper d’Aquitaine et de l’Espagnol Idace. Ils voulurent la vérité dans l’explication des causes, et faire planer, pour ainsi dire, l’esprit de Dieu sur le chaos des événements humains. Cette philosophie de l’histoire, dont saint Augustin fixe dans sa Cité de Dieu l’immortelle ébauche, se développe sous la plume de Paul Orose. C’est lui qui, le premier, résuma les annales du monde dans cette parole : « L’homme s’agite et Dieu le mène. » Divina providentia agitur mundus et homo. L’ouvrage de Paul Orose devient le type de toutes les chroniques universelles qui se multiplieront au moyen âge. Grégoire de Tours ne sait pas raconter les temps mérovingiens sans remonter à l’origine des choses : et plus tard Otton de Freysingen, avec son beau livre de Mutatione rerum, continue cette chaîne historique dont Bossuet ne tiendra que le dernier et le plus admirable anneau.

Enfin, il fallait bien que la poésie se rendît, et que cette langue des faux dieux se pliât aux louanges du Christ. Au temps où l’impératrice Justine menaçait de