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païenne, mère des héros et des dieux. « Ses temples, dit-il, nous portent plus près du ciel. » Il est vrai que les édits impériaux fermaient les temples et proscrivaient les sacrifices. Mais pendant cinquante ans on trouve ces édits toujours renouvelés, par conséquent toujours désobéis. Au milieu du cinquième siècle on nourrissait encore les poulets sacrés du Capitole, et les consuls entrant en charge venaient leur demander les auspices. Le calendrier indiquait les fêtes des faux dieux avec celles du Sauveur et des saints. À Rome et hors de Rome, en Italie, dans les Gaules et par tout l’Occident, on voit des bois sacrés que la cognée n’entame pas, des idoles honorées, des autels debout, et des païens qui, croyant à l’éternité de leur culte comme à celle de l’empire, attendent avec patience et mépris que la folie de la croix ait fatigué les hommes[1].

En effet, jusqu’ici les destinées de Rome semblaient se confondre avec celles de ses dieux ; et les trois grandes époques de son histoire avaient travaillé à construire le système de croyances qui formait le paganisme du cinquième siècle.

L’époque des rois y avait mis ces vieux dogmes sur lesquels reposait toute la théologie romaine. Au sommet des choses, une puissance immuable, inconnue et sans nom. Au-dessous d’elle, des dieux connus, mais périssables, emportés par une révolution fatale qui devait

  1. Salvien, de Gubernatione Dei ; Polemius Silvius, Laterculus, seu index dierum fastorum ; Beugnot, Histoire de la chute du paganisme en Occident.