Rome, qui allait élargissant toujours l’enceinte de son droit comme celle de son culte, pour y recevoir les nations vaincues avec leurs dieux. Les divinités de la Grèce suivirent au Capitole le char de Paul-Émile et de Scipion. Mais le triomphateur descendait du Capitole quand son heure était passée ; les divinités captives y restèrent ; elles attirèrent autour d’elles tous les arts. Les sculpteurs et les poëtes élevèrent un Olympe de marbre et d’or à la place de l’Olympe d’argile que les vieux Romains avaient adoré. La religion perdait de son empire sur les mœurs, mais elle régna sur les imaginations.
Enfin l’avénement des Césars avait ouvert les portes de Rome aux cultes de l’Orient. À mesure que s’écroulait le respect des traditions primitives, la société, plutôt que de rester sans dieux, en allait chercher de nouveaux jusqu’aux extrémités du monde. C’étaient Isis et Sérapis ; c’était Mithra avec ses mystères, où les cœurs troublés croyaient trouver la paix. On a blâmé Vespasien et ses successeurs d’avoir autorisé ces rites barbares, longtemps repoussés par la défiance du sénat. À vrai dire, les empereurs ne faisaient que reprendre l’ancienne politique romaine. Souverains pontifes d’une cité qui se vantait d’avoir pacifié le monde, il était de leur devoir d’en réconcilier toutes les religions. Ils réalisaient ainsi l’idéal du polythéisme, où il y avait place pour tous les faux dieux, puisque le seul vrai n’y était pas.
Ainsi cette grande religion tenait par ses racines à