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combats intérieurs pour conquérir le ciel, autre chose d’employer la force pour contraindre les convictions. » Malgré les instigations des Ariens, intéressés à mettre une main violente sur les consciences, malgré quelques édits de Constance contre les superstitions, le paganisme vécut en possession de ses libertés et de ses priviléges jusqu’à la fin du quatrième siècle. C’est alors que l’attitude menaçante des païens, leur empressement à se rallier autour des usurpateurs, arma contre eux une législation plus sévère. Deux lois de Théodose, quatre lois d’Honorius ferment les temples en supprimant les revenus, interdisent les sacrifices. Il semble que ces coups vont écraser l’idolâtrie. Au contraire, saint Augustin atteste qu’en Afrique les idoles demeurèrent debout et leurs adorateurs assez puissants pour brûler une église et massacrer soixante chrétiens. En dépit des édits impériaux, on ne connaît pas d’exemple d’un païen jugé et puni de mort pour fait de religion. Les empereurs vont finir, et le polythéisme leur survivra, comme afin de prouver que les idées ne meurent pas sous le fer, et que les doctrines, même fausses, sont plus durables que les pouvoirs humains[1].

Le paganisme périt de deux manières, par la controverse et par la charité.

La controverse fut éclatante et libre. Elle devait se

  1. Eusèbe, de Vita Constantini, II. 56 ; Cod. Theodos., lib. XVI, tit. 10, de Paganis sacrificiis et templis ; II, 2. 4, 5, 6, 9, 10, 12, 13, 14, 16, etc. ; S. Augustin, epist. 50, Senioribus coloniae Suffectanae ; epist. 91, Nectario ; Beugnot, Histoire de la chute du paganisme en Occident.