Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/200

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portait pas, quelles âmes n’entraînait pas ce fleuve horrible de la perversité humaine, si la Croix n’eût été plantée au-dessus, afin que, saisissant ce bois sacré, nous tinssions ferme ? Car dans ce désordre de mœurs détestables et cette ruine de la discipline ancienne, il était temps que l’autorité d’en haut vînt nous annoncer la pauvreté volontaire, la continence, la bienveillance, la justice et les autres vertus fortes et lumineuses. Il le fallait, non-seulement pour régler honnêtement la vie présente, pour assurer la paix de la cité terrestre, mais pour nous conduire au salut éternel, à la République toute divine de ce peuple qui ne finira pas, et dont nous sommes citoyens par la foi, par l’espérance, par la charité. Ainsi, tandis que nous vivrons en voyageurs sur la terre, nous apprendrons à supporter, si nous ne sommes pas assez forts pour les corriger, ceux qui veulent asseoir la République sur des vices impunis, quand les premiers Romains l’avaient fondée et agrandie par leurs vertus. S’ils n’eurent point envers le vrai Dieu la piété véritable qui aurait pu les conduire à la cité éternelle, ils gardèrent du moins une certaine justice native qui pouvait suffire à constituer la cité de la terre, à l’étendre, à la conserver. Dieu voulait montrer, dans cet opulent et glorieux empire des Romains, ce que pouvaient les vertus civiles, même sans le secours de la religion véritable, pour faire comprendre que, celle-ci venant s’y ajouter, les hommes pourraient devenir membres d’une cité meilleure, qui a pour roi