Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/212

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Le zèle des Pères éclate dans tous leurs écrits ; on les accuse même de l’avoir poussé jusqu’au vandalisme en demandant le renversement des temples. Cependant saint Augustin prend la plus sage mesure contre cette passion de détruire qui s’empare des peuples au moment des grandes émotions publiques ; il défend aux chrétiens de détourner à leur usage personnel les objets affectés au culte des faux dieux. Il veut que la pierre, le bois, les métaux précieux se purifient en servant au bien de l’État ou à l’honneur du Dieu véritable. Ces maximes sauvèrent en Italie, en Sicile, dans les Gaules, un grand nombre d’édifices où respire encore le génie de l’antiquité. Le Panthéon d’Agrippa devint la basilique de tous les Martyrs. À Rome, huit autres sanctuaires païens se sont conservés jusqu’à nos jours sous l’invocation du saint qui protége les vieux murs. Les temples de Mars à Florence, d’Hercule à Milan, se changèrent en baptistères. La Sicile défendit longtemps ses anciens autels. Mais après le concile d’Éphèse, quand le culte de la Mère de Dieu se présenta aux hommes avec un éclat nouveau et charmant, les Siciliens se rendirent. La douce main de la Vierge ouvrit plus de temples que n’avait fait la main de fer des Césars. Le mausolée du tyran Phalaris fut consacré à Notre-Dame de la Miséricorde, et le temple de Vénus au mont Éryx, desservi jadis par un collége de courtisanes, devint l’église de Sainte-Marie des Neiges[1].

  1. S. Augustin, epist.47, Publicolæ. Marangoni, Delle cose genti-