Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Si les instincts païens couvaient ainsi au fond de la société catholique, il fallait s’attendre à les voir éclater aussitôt que le paganisme lui-même reparut publiquement dans l’hérésie des Albigeois. De la Bulgarie jusqu’à la Catalogne, et des bouches du Rhin jusqu’au phare de Messine, des millions d’hommes se soulevèrent, ils combattirent, ils moururent pour une doctrine dont le prestige était de remplacer l’austérité du dogme par une mythologie nouvelle, de reconnaître deux principes éternels, l’un du bien, l’autre du mal, et de détrôner le Dieu solitaire des chrétiens[1].

Ce paganisme populaire étonne en des temps où l’on a cru l’Église maîtresse absolue des consciences. Mais ce qui confond, c’est d’y trouver un paganisme savant, c’est que la raison humaine affranchie par l’Évangile soit retournée à son ancienne servitude ; c’est qu’à chaque siècle, des hommes éclairés, ingénieux, infatigables, se soient rencontrés pour renouer la tradition de l’école alexandrine et pour restaurer l’erreur par la philosophie et par les sciences occultes.

Jusqu’au septième siècle, on peut suivre dans les écoles gallo-romaines les traces des doctrines païennes,


    inspectantibus regibus ac populo, infamis ille gladiatorius ludus in urbe Itala celebretur, plus quam barbara feritate. Ubi more pecudum sanguis humanum funditur, et sub oculis parentum infelices filii jugulantur, juguloque gladium inconstantius excepisse infamia summa est, quasi pro Republica aut pro æternæ vitæ præmiis certetur. » Je dois l’indication de cette lettre à M. Eugène Rendu, qui prépare sur Pétrarque un grand travail historique.

  1. Schmidt, Hist. et Doctrine de la secte des Cathares ou Albigeois, t. II, p. 167.