Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/230

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et sous des titres multipliés, les actes législatifs des princes qui pouvaient régir la vie publique et la vie civile ; les dispositions contradictoires devaient disparaître tout en laissant subsister le texte primitif autant que les nécessités de la correction et de la clarté le permettraient. Cette décision nous conserva toute la série des constitutions des princes chrétiens, sans omettre celles de Julien, dont l’œuvre fut respectée alors même que la réaction semblait devoir être la plus impitoyable et la plus victorieuse.

Ainsi nous pouvons dire qu’en 430 la société romaine a deux législations ; nous y trouvons, et les barbares y trouveront aussi, deux droits en présence l’un de l’autre : d’un côté, le paganisme antique tempéré par la philosophie des jurisconsultes qui, nous le verrons, se ressent elle-même de bonne heure de l’influence chrétienne ; d’un autre côté, le christianisme, mais le christianisme timide des empereurs qui n’embrassent que les réformes déjà ébauchées par la philosophie des jurisconsultes et qui mesurent avec prudence les coups qu’ils sont forcés de porter aux anciennes institutions païennes ; d’un côté, le droit païen déjà éclairé de la première aurore chrétienne ; de l’autre, les commencements d’un droit chrétien encore engagé dans les dernières ténèbres de cette nuit d’où sortait le monde.

Nous allons examiner successivement ces deux principes et les conséquences qu’ils avaient produites.

Si nous ouvrons les textes de la jurisprudence classique de cette époque vantée du siècle des Antonins,