Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/277

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lait le chercher pour le faire Auguste. Telle est la loi des panégyriques.

La publicité avec laquelle ces compositions sont déclamées, l’habitude des lectures publiques, achèvent de conduire les poëtes de la décadence à l’oubli qui est au bout et qui les attend. On a ingénieusement montré comment cette habitude, inconnue du temps de Virgile, comment cet amour-propre, introduit par Pollion et plus tard encouragé par Néron, comment cette coutume de réunir une assemblée nombreuse pour écouter le récit d’un poëme, avaient profondément contribué à étouffer le génie, à le réduire aux proportions d’un jeu littéraire et de passe-temps entre gens d’esprit. En effet, quand on parle à un peuple entier, il faut exprimer la pensée commune ; il faut être inspiré pour se faire écouter, simple pour se faire comprendre. Mais, lorsqu’on a affaire à cette élite blasée, qu’on appelle les beaux esprits, à ces hommes lassés de tout, qui se vantent de ne pas admirer parce que cette faculté leur semble tenir à la naïveté, alors, au lieu de les émouvoir, il faut à toute force les étonner. Tel est le principe des décadences : c’est ce ferme propos d’étonner par la profonde science du fond et la recherche excessive de la forme.

Par la science : c’est alors que vous rencontrez ces poëtes mythologues, géographes, astronomes, géomètres, naturalistes, qui chanteront les phénomènes d’Aratus, l’astronomie de Ptolomée, la description de la terre par un autre ancien, l’histoire naturelle de Pline,