Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas les gens de bien selon leur mérite, vous vous trompez. »

Sachant que Querolus est toujours grondeur, fâcheux, il se promet bien de se réjouir à ses dépens. Querolus, entrant en scène quelque temps après, demande pourquoi les méchants sont heureux et les bons malheureux, et alors le lare lui dit qu’il va lui faire son procès ; Querolus déclare qu’il ne se compte point parmi les malhonnêtes gens ; alors le lare lui fait cette question : « le lare : Querolus, n’as-tu donc jamais volé ? — querolus : Jamais, depuis que j’en ai perdu l’habitude. Jeune, j’ai fait, je l’avoue, quelques-uns de ces tours qu’on loue chez un jeune homme. — le lare : Pourquoi donc renoncer à un crime si louable, et que disons-nous du mensonge ? — querolus : Et qui dit donc la vérité ? C’est la peccadille de tout le monde ; passe à autre chose. — le lare : Il n’y a point de mal à mentir ; et que penses-tu de l’adultère ? — querolus : Mais l’adultère n’est pas un crime. — le lare : Quand donc a-t-on commencé à le permettre ? Dis combien de fois tu as juré, et ne perds point de temps. — querolus : À la bonne heure, voilà le crime que je n’ai jamais commis. — le lare : Je te passe mille parjures ; compte-moi seulement les autres, et, pour taire le reste, combien de fois as-tu juré d’aimer ceux que tu détestais ? — querolus : Malheureux que je suis ! à quel juge impitoyable j’ai affaire ! j’avoue que j’ai souvent juré et lié ma parole sans lier ma foi. »