Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/314

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le mettent enfin au-dessus de Cicéron lui-même, pour avoir connu toutes les sources du pathétique, fait agir tous les ressorts de l’éloquence, aussi grand orateur que grand poëte. Voilà les entretiens sérieux des matinées de ces jours si savamment remplis.

Quant aux soirées, elles reproduisent encore une partie de l’enseignement qui se donnait chez les grammairiens et les rhéteurs. Je n’en veux d’autre preuve que ces jeux d’esprit, que ces gageures que se proposent les convives et que nous trouvons indiqués chez Sénèque le rhéteur. Dans les écoles du temps de Sénèque, où il n’était plus permis de discuter sur la loi agraire ni d’agiter au forum les intérêts de l’empire, entre autres questions propres à exercer l’éloquence des jeunes Romains et à remplir les loisirs de ces patriciens désœuvrés, nous rencontrons celle-ci : Quel est le premier de l’œuf ou de la poule ? Il s’agit de savoir si le monde est l’ouvrage du hasard ou d’une souveraine sagesse ; s’il est l’ouvrage d’une souveraine sagesse, elle a dû commencer par le bon commencement ; le commencement logique, naturel, est-il la poule ou bien ne serait-il pas l’œuf ? Je vous laisse sur ce point, comme le fait le dialogue des Saturnales[1]. Il nous suffit d’avoir une idée des futilités de cet enseignement qui se prétendait si grave, si savant, et qui voulait réunir tout ce qui restait de l’antiquité.

Macrobe cependant passera à la postérité : nous le

  1. Liv. VII, 1-16.