Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/317

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monde de l’autorité ou de la liberté, du fini ou de l’infini ? Ceux qui faisaient tout résider dans la mobilité accordaient tout à l’usage, qui change les mots, à l’irrégularité, à l’anomalie. Ceux qui s’attachaient à l’infini, à l’immuable, à l’éternel, les idéalistes en un mot, ceux-là faisaient profession de mettre par-dessus tout la loi, la règle qui doit subjuguer l’usage par la raison et faire prévaloir l’analogie. De là deux autres sectes : les anomalistes et les analogistes.

Toutes les disputes sont donc transportées sur le terrain de la grammaire, et c’est là que tous les trésors de la science antique viennent se réunir. N’était-ce pas, en effet, dans une décomposition laborieuse de la langue latine que l’on pouvait retrouver les origines d’institutions dont tant de traces avaient disparu ? N’est-ce pas là, dans cette étude aride et ingrate des étymologies latines, que nous allons les chercher nous mêmes ? et puis-je oublier que c’est ainsi que M. Ballanche a trouvé, avec une divination merveilleuse, les secrets de ces institutions qui étaient restées un livre scellé sous la main des jurisconsultes ?

Voilà pour la philologie.

Quant à la critique, nous voyons de bonne heure les grammairiens s’attacher aux vieux poëtes Nævius, Ennius, Pacuvius ; tous ceux-là ont été commentés, critiqués de mille manières avant que de ces écoles soient sortis Lucrèce et Virgile ; mais quand ces admirables modèles eurent paru, ils effacèrent tous les autres. La statue de Virgile fut bien quelque temps entourée de