nisme ; ils ont surtout contre eux leurs propres fautes. Ce n’est pas sans péril qu’on se porte à ces excès, surtout dans le sein du christianisme, qui a horreur des excès, dont le caractère est empreint de sagesse et de modération. Cet empressement de brûler tout ce qu’on a autrefois adoré sans distinguer l’idole du métal précieux, cette exagération, excusable chez de nouveaux chrétiens, deviennent plus périlleux chez les docteurs qui professent, raisonnent et dogmatisent ; elle montre chez eux peu de foi, une foi qui s’effraye, qui a peur de la raison, qui a peur des lettres de l’antiquité, qui croit que le christianisme a quelque chose à craindre de la philosophie, comme si la foi, misérable flambeau allumé pendant la nuit, était destiné à pâlir !
Ce faible se trahit par des chutes éclatantes : ce fut ainsi que Tertullien déserta à tout jamais la science pour se mettre à la suite de l’hérétique Montan et des deux femmes qu’il traînait après lui. Les mystiques du moyen âge prennent eux-mêmes des chemins qui amèneront tous les excès des hérétiques du quinzième siècle, et on vit Pascal lui-même s’acheminer sur une des routes de l’erreur. Reconnaissons donc que, si cette doctrine fut opiniâtre, elle n’eut jamais pour elle le caractère de l’autorité, de la sagesse, le nombre des maîtres ; et ce qui lui est resté de plus illustre a fini par se démentir, comme cet éloquent M. de Maistre, qui, s’il eut le tort de fouler aux pieds la raison, a cependant écrit ce grand mot, que « Platon avait fait la préface humaine de l’Évangile. »